Des milliers d’habitants de Butare, une grande agglomération située dans le groupement Tongo, chefferie de Bwito (dans le territoire de Rutshuru), au Nord-Kivu, sont obligés de vider précipitamment, leurs milieux. Ils sont chassés par les éléments de la coalition M23/RDF au motif qu’il s’agit là d’une zone opérationnelle. Le fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur dans la chefferie de Bwito, Isaac Kibira, qui alerte, crie à une violation du droit international humanitaire.
« Le commandant du M23 qui est là, au niveau de Kabizo, le colonel Justin, vient de demander à la population de cette agglomération de déguerpir, le plus tôt possible. La population a quitté hier en cascade. Les uns qui ont pu résister le soir, ils ont quitté ce matin. Très massivement, ils se dirigent vers Kabizo, les autres vers Tongo, autres vers Kagando et vers Bambo. La situation est dramatique, catastrophique. Imaginez-vous, une agglomération qui a plus de 22 000 habitants. Tout ce monde vient de quitter précipitamment. On ne sait pas leur sort. Même la structure sanitaire de Butare est fermée alors qu’il y a des médicaments et des matériels », alerte Isaac Kibira.
Le représentant adjoint de l’autorité provinciale dans le Bwito craint pour des mauvaises conditions dans lesquelles ces compatriotes sont éparpillés et appelle la communauté internationale, notamment la Commission de vérification ad hoc d’interdire aux terroristes du M23/RDF de s’attaquer aux populations civiles.
« Nous demandons à la communauté internationale, la CIRGL et le mécanisme de vérification ad hoc du cessez-le-feu pour qu’on puisse infliger une peine au M23. Il faut demander au M23 à ne pas s’attaquer à la population. Ils doivent laisser cette population vaquer librement à ses activités. Nous demandons au gouvernement congolais aussi d’appuyer sur l’accélérateur et demander aux organisations onusiennes et régionales qui sont ici de demander au M23 de ne plus s’attaquer à la population car cela constitue une violation grave du droit international humanitaire qui risque d’être un crime contre l’humanité car cette population n’a pas où aller et elle n’a pas les moyens de se défendre », a-t-il ajouté.
« Nous sommes en train de condamner l’organisation des massacres des populations de Kiseguro et de Katwiguro dans une opération mise en place par le M23 et dirigée par un certain Ernest. Depuis le 10 octobre 2024 jusqu’aujourd’hui, nous venons d’enregistrer au moins vingt civils cultivateurs qui sont massacrés et leurs corps restent encore dans la forêt. Et le M23 venait d’interdire, dans un meeting, à la population d’aller au champ. Nous pensons que cette mesure vise à faire disparaître des traces de nos frères et sœurs qui sont aujourd’hui dans la forêt. C’est pourquoi nous appelons notre gouvernement d’user de tout son mieux pour mettre fin à cette situation. Ce sont des milieux à vocation agro pastorale qui nourrissent tout Rutshuru et même Goma. Nous risquons d’enregistrer une famine généralisée dans cette partie », a expliqué Patrick Manouveau Nguka, coordonnateur de Badilika, en déplacement à Goma.
À l’occasion du briefing presse du gouvernement de ce lundi 18 novembre 2024, à Lubumbashi, dans le Haut-Katanga, Jacquemain Shabani, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières, s’est exprimé sur la venue massive des populations étrangères occupant les maisons et cités des autochtones dans les territoires de Rutshuru et Masisi.
Entre-temps, les rebelles du M23 poursuivent leur expansion dans la province du Nord-Kivu. Après Masisi, Rutshuru, Nyiragongo et Lubero, ils sont désormais présents dans le territoire de Walikale où ils occupent une dizaine de villages. Malgré les appels au retrait et au cessez-le-feu de la communauté internationale et des organisations régionales, la situation demeure inchangée, et les rebelles du M23 maintiennent leurs positions.